Cie L'Antre-Sort
DU PAIN PLEIN LES POCHES

DU PAIN PLEIN LES POCHES

Du pain plein les poches
de Matéï Visniec

Auteur : Matéï Visniec

Metteur en scène : Michaël Gonnet

Avec

Chapeau : Michaël Gonnet

Canne : Nicolas Bernard

Durée : 50 minutes

Présentation

Matéi Visniec, auteur et dramaturge Roumain, a été le point commun d’une rencontre entre Sylvain Luquin et Michaël Gonnet qui a donné lieu au début d’une collaboration pour la création de ce spectacle.  

Michaël Gonnet, a eu dans le cadre de ses études théâtrales, le privilège de rencontrer et d’entretenir un échange épistolaire avec l’auteur, dont le parcours et l’oeuvre l’ont enthousiasmé.

Depuis Avril 2022, Michaël Gonnet joue cette pièce avec Nicolas Bernard.

Note d’intention

La pièce « Du pain plein les poches », nous fait réfléchir sur notre actualité mystique et politique, d’autant plus en ces périodes de troubles sanitaires, sociaux et environnementaux.

Deux hommes, un chien, le puits : « qui du chien ou de l’homme est au fond du puits ? »

L’univers fantastique de Matéi Visniec, trop souvent qualifié « d’absurde », interroge, intrigue, inquiète, insinue le doute, mais jamais ne répond. 

« Du pain plein les poches » entraine le spectateur dans un monde logique et rythmé par une terrible mécanique parfaitement huilée. Ce dialogue autour d’un puits, tour à tour amical, vindicatif, drôle, et rassurant, tourne à la fable politique, sociale, humaine.

L’auteur : Matéï VISNIEC

Né au nord de la Roumanie, le 29 janvier 1956. Dans la Roumanie communiste de Ceausescu, il découvre très vite dans la littérature un espace de liberté. Il se nourrit de Kafka, Dostoïevski, Camus, Beckett, Ionesco, Lautréamont… Il aime les surréalistes, les dadaïstes, les récits fantastiques, le théâtre de l’absurde et du grotesque, la poésie onirique et même le théâtre réaliste anglo-saxon, bref, tout sauf le réalisme socialiste.

Plus tard, parti à Bucarest pour étudier la philosophie, il devient très actif au sein de la génération 80 qui a bouleversé le paysage poétique et littéraire de la Roumanie de l’époque. Il croit en la résistance culturelle et en la capacité de la littérature à démolir le totalitarisme. Il croit surtout que le théâtre et la poésie peuvent dénoncer la manipulation des gens par les « grandes idées ».

Avant 1987, il s’affirme en Roumanie avec sa poésie épurée, lucide, écrite à l’acide. A partir de 1977, il commence à écrire aussi des pièces de théâtre qui circulent abondamment dans le milieu littéraire, mais qui restent interdites de création.

Devenu auteur interdit, en septembre 1987, il quitte la Roumanie, arrive en France et demande l’asile politique. Il rédige, dans le sein de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, une thèse sur la résistance culturelle dans les pays de l’Europe de l’Est à l’époque communiste, mais commence aussi à écrire des pièces de théâtre en français. Entre 1988 et 1989, il travaille pour la BBC, et à partir de 1990 pour Radio France Internationale.

A ce jour, Matéi Visniec compte de nombreuses créations en France. Une trentaine de ses pièces écrites en français sont éditées (Lansman, Actes Sud-Papier, L’Harmattan, Espace d’un Instant, Crater). Il est devenu, depuis 1992, l’un des auteurs les plus joués au Festival d’Avignon (off) avec une quarantaine de créations.

En Roumanie, depuis la chute du communisme, Matéi Visniec est devenu l’auteur dramatique vivant le plus joué. Le Théâtre National de Bucarest a créé ses pièces « La Machine Tchékhov » et « L’histoire du communisme racontée aux malades mentaux ». Il est aussi l’auteur de trois romans édités en Roumanie.

Note de l’auteur

La pièce du pain plein les poches est née d’une petite histoire réelle… J’étais, au début des années 80, professeur d’histoire dans un petit village de campagne, à 25 kilomètres de Bucarest. 

Pour aller à l’école, j’étais obligé de prendre, l’un après l’autre, le bus, le métro et le train, et les cinq derniers kilomètres, je les faisais à bicyclette. J’étais toujours terrorisé à l’idée d’arriver en retard et c’est donc pour cela qu’ un beau jour, passant devant le puits abandonné du village, j’ai été choqué en découvrant un… chien vivant.

Quelqu’un l’avait jeté là-dedans, il aboyait en demandant de l’aide mais j’étais trop pressé pour faire tout de suite quelque chose… Je n’ai eu que le temps de voir qu’il était blanc. J’ai continué ma course pour arriver à l’école mais je me suis senti terriblement coupable toute la journée. Le soir sur le chemin du retour, j’ai constaté qu’il avait été sauvé. Mais mon sentiment de culpabilité n’a cessé de grandir. Et j’ai eu, d’un coup, la révélation de la portée métaphorique de cette pièce : ce chien, c’était moi, ce chien, c’était tout le peuple roumain enfermé dans la dictature et à demander inutilement de l’aide… J’ai commencé alors à écrire la pièce et, en effet, elle s’est écrite elle-même d’une seule traite… A quelques lignes de la fin, je ne savais pas comment j’allais la finir et puis, d’un coup, « l’étage métaphysique » de la pièce m’est apparu si clairement…

Voilà cette pièce de théâtre qui est née d’une histoire banale.

Nous vivons tous dans la cage de nos obsessions et de nos désespoirs. Qui a le temps de s’arrêter pour nous parler un peu, voici la question, une question apparemment mineure mais tellement importante.

Matéï Visniec